Le 8 mars 2016, un questionnaire en ligne sur « les conséquences de l’usage du numérique sur les conditions de travail des personnels de l’Education Nationale » a été adressé aux 9500 personnels de l’Ain, quel que soit leur corps de métier, qu’ils travaillent dans des établissements scolaires, ou dans des services administratifs de l’EN.
Ce questionnaire est un élément très important d’un travail entamé en mai 2015, à l’initiative des élus FSU du CHSCT de l’Ain (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail), qui ont largement participé à son élaboration. Le CHSCT de l’Ain se penche ainsi depuis près d’un an sur l’impact du numérique (sous toutes ses formes : logiciels professionnels, outils numériques pédagogiques, outils de communication électronique…) sur les conditions de travail : impact matériel, mental, évolution des métiers, stress…
Les résultats de ce questionnaire seront exploités avec différents filtres : corps de métiers, mais aussi secteurs d’activité (collège, lycée, école primaire, services…). Ils doivent déboucher sur un ensemble de propositions formulées par le CHSCT de l’Ain, pour améliorer les conditions de travail des agents.
Ce travail mené dans l’Ain est sans précédent en France : aucune étude n’avait encore été menée sur le sujet, dans l’Education Nationale, sous l’angle des conditions de travail.
Pourtant, un rapport de février 2012 du Conseil d’Analyse Stratégique (CAS), sur l’ensemble du marché du travail, faisait émerger un ensemble d’effets néfastes liés à l’utilisation des technologies numériques :
- Augmentation du rythme et de l’intensité du travail ;
- Renforcement du contrôle de l’activité ;
- Affaiblissement des relations interpersonnelles ou des collectifs de travail ;
- Brouillage des frontières spatiales et temporelles entre travail et hors-travail ;
- Surcharge informationnelle.
Nul doute que ces aspects négatifs apparaissent dans nos professions, voire d’autres. Pour la FSU, il est clair que l’introduction du numérique est probablement la plus profonde modification en cours du travail des agents de l’Education Nationale, qu’ils soient enseignants, agents administratifs, personnels de vie scolaire ou personnels d’encadrement, avec des spécificités probablement très importantes en fonction des métiers. Il est temps de donner la parole aux personnels pour que le numérique soit au service des personnels, et pas l’inverse. Le numérique a certes ouvert aux salariés de l’EN d’immenses perspectives pour leur travail, mais a induit aussi des problèmes nouveaux, que l’institution doit prendre en compte et, en tant qu’employeur, a la responsabilité et le devoir de tenter de réduire ou de corriger.
Dans l’Education, une des conclusions du rapport de février 2012 doit être méditée :
« un facteur important pénalise encore la réflexion : la prédominance d’un discours massivement promotionnel autour des TIC, synonymes de progrès, de modernité et vecteur majeur de croissance économique, reconnues comme telles par les instances nationales, européennes, mondiales, ce qui laisse peu d’espace pour une approche centrée sur leurs effets sur les utilisateurs. »
Cette consultation, par l’Administration, des personnels, sur un aspect de leurs conditions de travail, est également une première. Les élus FSU du CHSCT de l’Ain espèrent qu’en ressortiront des avancées concrètes pour les personnels.
Toute cette année, le travail du CHSCT sur le numérique va se poursuivre, car les visites d’établissement prévues pour 2015-2016, consacrées notamment au thème du numérique, devraient elles aussi alimenter la réflexion.