Ci-dessous, un courrier de l’intersyndicale Retraité-es de l’Ain, adressé au préfet :
Nos organisations de retraités de l’Ain expriment leurs plus vives inquiétudes concernant le
bilan humain et les conséquences de la crise sanitaire sans précédent, en particulier chez les
personnes âgées. Alors que l’épidémie fait affluer les malades dans les services d’urgence, le
matériel de protection des malades et du personnel fait défaut.
Les ravages du COVID-19 parmi les personnes âgées tournent en tragédie, que ce soient pour
celles résidant en Ehpad, dans les structures d’accueil ou de soins, comme pour celles ayant
recours à des structures de service à la personne pour leur maintien à domicile.
Depuis plusieurs années les retraités avec leurs organisations tirent la sonnette d’alarme sur le
manque de personnel formé et correctement rémunéré dans les EHPAD, dans les Hôpitaux.et
au niveau des personnels d’aide à la personne à domicile.
En 2018 et 2019 nous avons rencontré des Députés et Sénateurs de l’Ain concernant le
manque de médecins généralistes, notre département est très mal placé au niveau National.
En avril 2019, le personnel des urgences de l’hôpital de Fleyriat dénonçait le manque de
médecins urgentistes, face à une augmentation d’activité de 30% en 4 ans avec seulement 17
médecins urgentistes alors que 30 étaient nécessaires.
Les personnels des EHPAD et des hôpitaux vivent une situation quotidienne d’une violence
inouïe face au manque de moyens, au choix à faire pour sauver des vies, contraints parfois
d’abandonner ceux qui sont trop malades, confrontés à tous moments à la mort. Ils mettent
leur vie en danger en permanence, leur dévouement est sans borne, ils ne voient plus leurs
enfants. Des médecins et des personnels soignants sont décédés du coronavirus.
Au début de la pandémie, seuls étaient comptabilisés les morts à l’hôpital, depuis le début
avril nous avons quelques chiffres sur les décès en Ehpad. L’Ain comme l’ensemble de la
France manque de tests, nous ne saurons jamais le nombre réel de décès consécutifs au Covid19. Lors de votre conférence de presse du 6 avril, Monsieur le Préfet vous annonciez 47 décès
dont 22 en EHPAD, le 12 avril l’ARS communique à la presse 42 décès à l’hôpital et 22 en
EHPAD, curieusement les chiffres n’ont pas bougé dans les EHPAD, ce ne sont pas les
informations que nous recevons des familles.
Quand allons-nous cesser de nous mentir ? Au 12 avril, 118 personnes sont hospitalisées
dont 30 en réanimation. 136 ont pu rentrer chez elles. Au niveau régional, on accuse un cumul
de 773 décès hospitaliers au 12 avril, les EHPAD sont-ils comptés ? Un grand flou existe dans
l’information autour d’une série de décès dans un Ehpad du Haut-Bugey. Cinq seniors
seraient morts en une semaine. Coronavirus ou pas ? La question se pose inévitablement.
Mais impossible pour l’heure d’y répondre. Trop de silences, pas assez de tests.
Cette discrimination à l’égard des personnes âgées est intolérable, ce déni de l’éthique traduit
un mépris vis-à-vis de cette catégorie de la population. C’est dans les rangs de retraités qu’on
comptera le plus de victimes. Le risque d’isolement est dramatique notamment pour les
retraités. Il accentue la perte d’autonomie pour les personnes âgées déjà fragilisées, tant dans
les EHPAD et les maisons de Retraite, que dans le suivi à domicile.
Pour les personnes âgées confinées dans leur chambre, ces situations sont difficiles à
supporter. Elles sont coupées de leur famille et le personnel, les soignants n’ont pas toujours
le temps de les faire communiquer par skype, juste une lettre lue quand ils en reçoivent ! A
cette détresse humaine s’ajoute le manque criant de matériel de protection. Après avoir fait
un appel au don de masques, depuis le 3 avril, le directeur de l’Ehpad de Châtillon sur
Chalaronne est encore à la recherche de sur-blouses, indispensables à la protection du
personnel en contact avec les résidents. C’est un exemple parmi beaucoup d’autres sur les
EHPAD du département.
Il est désormais urgent que l’ensemble des personnes âgées puissent avoir accès aux tests de
dépistage permettant l’accès aux soins pour les malades et le déconfinement pour ceux qui ne
le sont pas.
Nos revendications sont claires :
Gants, masques FFP2et FFP, écrans faciaux, lunettes de protection, blouses d’isolement, gel
hydroalcoolique et la fourniture de tests de dépistages en nombre suffisant.
Nous soutenons les revendications des personnels de la santé.
Nous vous demandons, Monsieur le Préfet, conformément à la loi du 30 juin 2004 relative à la
solidarité et à l’autonomie des personnes âgées, la mise en œuvre d’un Plan d’Alerte et
d’Urgence.
Nous exigeons :
L’arrêt immédiat des politiques de restrictions budgétaires. Il faut d’urgence une loi
rectificative pour le financement des besoins de santé, la relocalisation et la maîtrise
publiques des productions des matériels de santé et des médicaments ;
Des investissements publics massifs pour l’hôpital public ;
La prise en charge de la perte d’autonomie, à domicile et en établissement, à 100% par
la branche maladie de la Sécurité Sociale ;
La création d’un grand service public de l’aide à l’autonomie et une loi grand âge et
autonomie conforme à nos attentes.
Nous voulons que « l’après »se construise avec plus de services publics et
encore plus de solidarité !
Le monde du travail est en première ligne pour affronter une crise sanitaire d’une
ampleur inédite. Infirmier-ères, éboueur-euses, caissiers-ères, agent-es de nettoyage, dockereuses, cheminot-es, fonctionnaires territoriaux, ouvriers-ères de l’industrie agro-alimentaire,
médecins, livreur-euses…, salarié-es du public comme du privé, ce sont elles et eux qui
maintiennent la France debout, qui sont en première ligne face au péril. Hier ignoré-es, parfois
pointé-es du doigt comme des privilégié-es, ils et elles sont aujourd’hui nos héros ordinaires,
célébré-es par tous.
Qu’en sera-t-il demain ?
La dégradation du système de santé qui s’est accentuée sous les gouvernements successifs
atteint son paroxysme aujourd’hui.
Comment, en effet, le Président de la République peut-il afficher une compassion de façade,
alors que par ailleurs, il commande à la Caisse des dépôts et consignations un rapport dont
l’objectif est d’accélérer le processus de marchandisation de la santé ?
Dans une copie destinée à l’Elysée, le service de prospection prône le désarmement total de
l’état social et la mise en concurrence plus grande des secteurs public et privé pour abaisser
encore les rémunérations du personnel de santé.
Ainsi, au cœur de la pandémie, l’Etat a pour souci, non pas de protéger les êtres humains,
mais de persévérer dans sa politique de destruction des services publics.
Belle reconnaissance pour tous les soignants qui sont sur « le front » !
Il est de votre devoir de représentants, d’élus, de prendre en considération ces problèmes
très graves.
Monsieur le Préfet, mesdames et messieurs, nous attendons des réponses urgentes à cette
situation dramatique.
Veuillez agréer Monsieur le Préfet, nos salutations.
Signataires départementaux :
USR CGT 01, FSU-retraités 01, UDR FO 01, FGR FP 01, CFE CGC retraités 01, LSR 01