L’annonce d’un déconfinement devrait nous ouvrir des perspectives positives et réjouissantes. Or pour beaucoup de personnels de l’Éducation Nationale, mais aussi des collectivités territoriales, comme pour de nombreuses familles ce n’est pas le cas.

La sécurité sanitaire doit être un préalable à toute rentrée des personnels et des élèves, et ce, quelle que soit le date envisagée. Si toutes les conditions ne sont pas réunies, le déconfinement ne pourra se faire, sous quelle que forme que ce soit. La date du 11 mai doit donc être dès maintenant « désacralisée », tant auprès des professionnels de l’Éducation Nationale que des familles. En effet, elle génère beaucoup de peur et d’angoisse chez nos collègues comme chez les parents d’élèves.

Les annonces du premier ministre ce mardi 28 avril, ainsi que celles de notre ministre dans les médias depuis (il faut suivre chacune de ses interventions pour en apprendre plus d’heure en heure !) ne nous apportent pas de solutions…

Dans son avis du 20 avril 2020, le Conseil Scientifique réuni par l’Elysée « propose de maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre ». En outre, l’étude de l’Inserm en date du 12 avril 2020 (Expected impact of lockdown in Île-de-France and possible exit strategies Report #9) conclut que la France ayant fait face à la première vague épidémique pendant le confinement, des formes intenses de distanciation sociale sont nécessaires pour les mois à venir car la population a un faible taux d’immunité. Ce faible taux d’immunité est confirmé par l’étude sur le lycée de Crépy-en-Valois publiée par l’Institut Pasteur le 23 avril 2020 (Cluster of COVID-19 in northern France: A retrospective closed cohort study) : seuls 26% des enseignants, lycéens et leurs familles ont été infectés et possèdent des anticorps contre le virus. Cet article en conclut que la levée des mesures de confinement en France sera longue et complexe. Par ailleurs, la situation à l’international, au Japon par exemple, avec une réouverture des écoles puis leur seconde fermeture, nous montre que la prudence doit être de mise.

Évidemment, il y a les inégalités sociales qui sont fortement accentuées en cette période de confinement. Celles et ceux qui ont les moyens de télétravailler sont bien souvent les catégories socioprofessionnelles supérieures. Les autres continuent le travail sur les sites habituels ou sont confrontés à des pertes de revenus car ils sont placés en chômage partiel. Les enseignant∙es ont rivalisé d’inventivité et d’ingéniosité pour tenter de réduire la fracture numérique mais cela ne suffit pas car elle vient bien souvent d’ailleurs. La FSU n’a pas attendu le coronavirus pour lutter contre les inégalités sociales qui ont bien souvent des répercussions en matière de réussite scolaire. Aujourd’hui le Président, son Premier Ministre et le Ministre de l’Éducation Nationale mettent en avant cette lutte contre les inégalités pour rouvrir les écoles et semblent s’inquiéter de cette situation qui n’est pas nouvelle. La crise a mis en lumière ces difficultés, ces fractures sociales, ces fractures de classe qui existent depuis des années dans notre pays. Notre organisation syndicale porte depuis toujours des mandats clairs sur ces questions et c’est pourquoi nous nous engageons dès maintenant dans la construction d’un « après » avec plus et mieux de service public pour une société juste et solidaire.

Nous ne souhaitons pas revivre l’impréparation constatée avant le confinement généralisé ou au moment de la mise en place de l’accueil des enfants de soignant∙es par exemple. Au contraire, préalablement, nous souhaitons savoir comment va se mettre en place ce plan de déconfinement progressif dans l’Education nationale.

Les personnels se retrouvent tiraillés entre l’envie de retourner en classe, de retrouver leur lieu de travail, leurs collègues, leurs élèves (notamment celles et ceux qui ont pris, en cette période de confinement, de la distance avec le service public d’éducation) ET la protection de leur santé, de celle de leurs proches parfois fragiles, mais plus largement de l’ensemble de la population : car avec la réouverture de l’Ecole, c’est l’ensemble de la société qui est exposée.

Pour la FSU de l’Ain, la priorité doit être la santé. Toutes les garanties doivent être données avant une réouverture des écoles et établissements de notre département, et à ce jour la date du 11 mai nous paraît évidemment prématurée. 

Nous nous opposons donc à cette réouverture trop rapide ! 

  • Ci-dessous le communiqué national de la FSU  :

https://fsu.fr/reouverture-des-ecoles-et-etablissements-scolaires-le-11-mai-une-decision-politique-au-doigt-mouille/

  • et l’ensemble des préalables posés par la FSU au niveau national :